Franck Bernigaud peut raconter sa vie comme une promenade dans les bains de forêt. Et certes, son chemin l’a conduit à de merveilleux projets dans des hôpitaux, des écoles et des centres d’accueil mais aussi les arts martiaux qu’il enseigne ont été remplis de bains de forêt pour donner à sa philosophie de vie et à son amour pour sa nature « compagne » un sens plus élevé.
“Aujourd’hui, je travaille sur mon nouveau projet de vie: pratiquer, faire pratiquer, développer la pratique et rendre accessible au plus grand nombre, le Bain de Forêt.
“Actuellement, tout en finalisant ma certification de Praticien en Thérapie Forestière, je suis en stage et en immersion à l’hôpital de jour de la région. C’est une expérience vraiment très enrichissante. Je peux constater et entendre en direct de la part des patients, que j’accompagne en forêt avec 2 personnels soignants, les effets positifs du bain de forêt. Après les 4 premiers bains de forêt, ces retours sont très encourageants et ceux des soignants et de la psychologue sont très positifs quant à la pratique du Shinrin Yoku.
“Je suis en train de finaliser avec l’Office Nationale des Forêts une convention d’utilisation de 1 an de la forêt domaniale près de chez moi pour la pratique de bains de forêt et, pour 2023 sur des interventions communes avec les agents forestiers sur la relation : forêt et bien-être. Un partage de pratiques et de connaissances à destination du grand public. Un autre domaine forestier appartenant à mon département de résidence a renouvelé début janvier la convention d’utilisation de la forêt mise en place sur 2022 pour 2023. Je suis également sur un projet avec une école située en milieu très urbain pour des immersions en forêt destinées à des enfants en classe de CP et de CM1 pour le printemps 2023.
Le partenaire de tous les instants
“La nature, le plus loin que je puisse me rappeler, a toujours été un univers qui me passionne. Cela a commencé tout petit enfant et principalement avec les animaux que je pouvais découvrir à travers les livres ou les émissions télé. Je rêvais de faire comme les aventuriers, parcourir la savane ou les forêts tropicales et/ou équatoriales, ce que j’ai pu faire une fois adulte.
“Mes premiers contacts avec la forêt furent à la même période, lors des journées où mon père m’emmenait avec lui ramasser les champignons au fond des bois et des forêts qu’il avait parcouru lui-même enfant ou lors de nos balades dans la campagne. Mon père m’a appris à reconnaître les chants de certains oiseaux, les habitudes de certains animaux des bois etc.
“La nature m’a toujours procuré un profond respect pour tous ce qui la compose: les animaux, les végétaux, les minéraux et les éléments comme l’eau, la terre, l’air et le soleil. Je la considère comme un être vivant à part entière, au même titre qu’un humain. Je ne la considère pas à mon service, plutôt comme un(e) partenaire, un(e) ami(e) ou un proche auxquels je ne souhaiterais jamais qu’il leur arrive ce que je ne souhaite pas qu’il m’arrive.
“Aujourd’hui, je peux dire que pour moi, la nature est une ‘deuxième peau’ et le bain de forêt un ‘ART DE VIVRE’. Je ne vis pas au fond des bois, un peu à regret, par contre je suis en pleine nature et en forêt le plus souvent possible, plusieurs fois par semaine. A chaque nouvelle immersion, je suis toujours émerveillé comme un enfant qui découvre la forêt et les éléments pour la première fois. La nature et la forêt m’ont « soigné » lors de mes burn-out, je suis rempli de gratitude pour elles.
Quand le bain de forêt rencontre le karaté
“Le premier métier que j’ai appris lors de mes études est celui d’horticulteur en création de jardins et espaces verts. J’ai commencé à découvrir une partie du fonctionnement de la nature à travers mes cours. Puis, en période de recherche d’emploi, je suis rentré en grande distribution où j’ai fait carrière comme cadre. La ‘nature’ des choses m’a fait comprendre que ce n’était pas véritablement pour moi, d’où un ‘burn-out’. En parallèle, pratiquant d’arts martiaux, j’ai passé un Brevet d’État de professeur puis un Diplôme d’État de la Jeunesse de l’Éducation Populaire et du Sport . Sorti de la grande distribution, j’ai donc ouvert mon club de karaté dans lequel j’enseigne encore aujourd’hui.
“Je pratique et enseigne mon karaté d’une manière plus en lien avec les énergies de la nature et les sens dont nous disposons pour percevoir notre environnement quel qu’il soit. Il est courant de dire que l’homme s’est servi de son sens de l’observation pour créer les arts martiaux en s’inspirant des animaux et de leur façon d’aborder leur environnement. C’est ce à quoi je me réfère aujourd’hui pour enseigner le karaté: les énergies, l’utilisation de nos sens pour percevoir et être, ‘être’ non pas dans le combat ‘martial’, mais dans le développement personnel.
“Le ‘combat’ n’est pas contre l’autre, mais avec ‘soi-même’, pour le bien de chacun et de tous. Je retrouve cet esprit dans la pratique des bains de forêt. La forêt n’est pas un ‘autre’ support à mon service mais une partenaire, une amie qui me permet d’avancer, de me comprendre, qui participe au développement de mon bien-être. Ce n’est pas une ‘ennemie’ non plus comme on a pu nous le faire croire et penser depuis des générations, lorsque nous étions enfant. Nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas, le bain de forêt réconcilie l’être humain avec les bois, la nature et lui-même. En forêt la ‘peur’ n’a pas lieu d’être, la fraternité elle ‘oui’.
“Mon karaté et la pratique des bains de forêt sont aujourd’hui, en quelque sorte, des vases communicants. Cela correspond, à mon sens, à la vision holistique du bien-être : la Tête, le Corps et l’Esprit.
Moments de la promenade de la vie
“Le chemin m’a ensuite conduit vers l’éducatif ou pendant 10 ans j’ai accompagné des mineurs de 15- 18 ans en grande difficulté sociale et souvent psychologique. Un très beau métier où l’accompagnement sous quelque forme qu’il soit prend également tout son sens, j’ai dû le quitter non pas par rapport au public, mais en raison du décalage entre le terrain et les exigences administratives et économiques. Un 2eme burn-out à la clé. Je pratique et je me suis formé à la Communication Non Violente de Marshall Rosenberg.
Vous allez comprendre, je refais mon parcours de vie jusqu’à aujourd’hui et j’observe: la syntonisation où j’ai parcouru la planète dans différents milieux et pays: Amazonie , les terres australes en Nouvelle -Zélande et en Terre de Feu à la pointe de l’Amérique du sud, la savane et la brousse en Afrique de l’Ouest, les forêts équatoriales en Amérique du sud, le Japon.
“Avoir des temps d’introspection personnels importants pour comprendre et ‘digérer’, en ce qui me concerne et, face à un certain aveuglement malgré tout, cela est passé par le Burn-out, certes extrêmement douloureux. Sans oublier les cercles de partage: mes prises de position, mes engagements personnels, mes temps de silence dans mes vies sociales et professionnelles sur mon chemin, mon mariage, la naissance de ma fille etc…
“Et enfin, le cercle d’incorporation et de ‘digestion’ de toutes ces infos, tels des phytoncides, pour ressentir que mon bien-être passait par ma présence en nature, en forêt et par l’accompagnement de personnes dans cette nature qui m’a tant apporté.
C’est ça qu’il faut que tu fasses
“Je me souviens bien quand tout cela s’est ouvert. Nous étions en vacances en Bretagne avec mon épouse, un office du tourisme proposait un Bain de forêt, activité qui nous était inconnue à l’époque. Une fois dans le groupe de bain de forêt, mon épouse me dit: ‘C’est ça qu’il faut que tu fasses, ça te correspond exactement’.
“Tout s’est ouvert alors consciemment et inconsciemment, comme une évidence, le bain de forêt rassemblait toutes mes expériences, mes connaissances, mes envies, mon envie de contribution à l’écologie, ma « philosophie » de la vie, mon bien-être, l’envie de contribuer aux bien-être de mes congénères et de l’ensemble des règnes de notre Terre Mère. Plus tard, je suis “tombé” sur le site de FTHub. La proposition de FTHub me convenait pleinement”.
Photos : courtoisie de Franck Bernigaud